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Cycle de lectures-spectacles

Conception Olivier Martin-Salvan

Collaboration musicale Miguel Henry, Mathias Lévy, Noémi Boutin

À l’invitation de la Cité internationale de la langue française, installée dans le château de Villers-Cotterêts, Olivier Martin-Salvan conçoit un cycle de trois lectures en collaboration avec des musicien·nes et des comédien·nes :

Les paroles gelées, extraits de textes de François Rabelais : de Pantagruel au Quart-livre, avec le luthiste Miguel Henry

L’envers des mots, extraits de textes de Valère Novarina : de L’Atelier Volant au Vivier des noms, avec le violoniste Mathias Lévy

Les langages fleuris, textes de vaudeville par des auteur·ices contemporain·es, avec la violoncelliste Noémi Boutin

« Au fil des années, j’ai rencontré de grandes musiciennes et grands musiciens. Pour ce cycle de lectures-spectacles, j’ai eu envie de les convier à Villers-Cotterêts afin de mettre en évidence l’aspect musical des auteurs et autrices de théâtre que nous mettrons à l’honneur ici. Je n’ai jamais cessé d’aborder le travail d’un texte comme je le ferai pour une partition : je suis attentif à sa musicalité, à son rythme, à son souffle, comme s’il fallait retrouver la pulsation cardiaque de l’écriture. »

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Olivier Martin-Salvan

Note d’intention par Olivier Martin-Salvan

Dans mon travail de metteur en scène, je remarque que les matières qui me nourrissent sont issues de textes écrits par des auteurs et autrices qui ont aussi été interprètes. Je crois que ce qui me touche, c’est que ces interprètes ont expérimenté dans leur corps l’art de jouer et de dire un texte. Ces personnes connaissent la complexité de l’art de l’acteur, un peu comme bon nombre de compositrices et compositeurs qui jouent d’un instrument.

Les écrivains et écrivaines que je veux mettre à l’honneur dans ce cycle demandent énormément aux interprètes. Ils et elles ont écrit des partitions vertigineuses, qui repoussent les interprètes dans leurs retranchements. Leurs écritures exigent un dépassement de soi et un lâcher-prise. Je suis convaincu qu’être témoin de ce dépassement en tant que spectateur permet au public de recevoir pleinement les œuvres choisies et ce sera notre ligne directrice.

« Lire Rabelais, c’est une navigation très épuisante, très fatigante. Tout le corps doit rejouer, ça redéfait toutes les idées. C’est une dépense usante : c’est redécouvrir sous la langue française toute une profondeur respirée qu’on avait oubliée, qu’on voulait nous faire oublier, tout un orchestre intérieur et des muscles chanteurs qui travaillaient plus, c’est dur… J’aime me jeter vraiment dedans tout seul, sans traduction, sans guide, sans notes, faire le voyage oral avec lui. Trouver comme il respire. Chercher à le respirer. Le rejouer. »

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Valère Novarina, Le Théâtre des Paroles, chap. « Chaos », POL, 2011

Les paroles gelées
Je trouve que François Rabelais est une parole qui manque aujourd’hui, cette parole humaniste qui aura très bientôt un demi millénaire m’aide à vivre. C’est une langue qui vient à peine de quitter le latin et le grec, pourtant je rêve qu’elle puisse être connue de toutes et tous, par cœur en version originale ! J’ai l’impression de m’y perdre comme dans une forêt. Tous les sens sont en éveil. Le corps parle. Je ressens une grande fierté de pouvoir être un interprète de Rabelais. C’est pourquoi je souhaite fêter la langue rabelaisienne en faisant sonner notre ancêtre à chacune et chacun, dans un moment pour dégeler ses inventions de mots que nous prononçons encore aujourd’hui.

L’envers des mots
Après avoir eu la chance d’être un « Novarinien » pendant une dizaine d’années (et on le reste à vie), j’ai été élevé au rang « d’Espoir du Prolétariat », par Valère lui-même ! Quelle chance. Travailler au cœur de son processus créatif a été une immense expérience pour moi. J’ai pu constater dans quel contexte il écrivait ses textes, comment il travaillait, quelles étaient ses références : j’étais dans les coulisses de son écriture. J’avais la sensation d’être une couleur de son tableau, un instrument dans l’orchestre, et un soldat du langage comme il aime à nous appeler. Quand on porte ses textes, j’ai l’impression de tenter de saisir l’impalpable et d’être en quête de quelque chose de mystérieux. Avoir été au cœur de quatre de ses créations m’a permis de comprendre comment restituer au public cette langue qui navigue entre l’art brut, la farce et la linguistique.

Les langages fleuris
Longtemps diabolisé (déjà au temps de Rabelais) le rire est pourtant une arme redoutable ! Nous pouvons rire par pudeur ou par protection, ou d’étonnement comme de joie, ou même d’humiliation voire de colère. Souvent me vient l’image de l’armure qui se fend par le rire. Je pense que l’on touche plus profondément l’audience grâce au rire et, surtout, le rire est comme un écartèlement qui opère entre le drame et la farce, un déchirement dans la réalité des choses. Comment accepter l’indicible si le rire n’est pas présent ?

« Le rire permet la relation, surtout si on parle de l’innommable. Cette photo célèbre de ces petites filles hongroises qui descendent de ce convoi à Auschwitz, dans trois heures elles seront mortes. Que font-elles ? Des grimaces… Inutile de choisir entre le rire et les larmes. Les deux sont là en même temps. »

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Jean-Claude Grumberg, « Je n’ai rien choisi, ni l’humour ni les larmes », entretien dans Le Monde du 9 avril 2023, Propos recueillis par Nathaniel Herzberg

Distribution

Conception Olivier Martin-Salvan
Avec
– Les paroles gelées : Miguel Henry (luth), Olivier Martin-Salvan
– L’envers des mots : Romane Buunk, Fabien Coquil, Mathilde Hennegrave, Mathias Lévy (violon), Olivier Martin-Salvan
– Les langages fleuris : Noémi Boutin (violoncelle), Clément Deboeur, Lise Hamayon, Mathilde Hennegrave, Olivier Martin-Salvan
Assistanat à la mise en scène Mathilde Hennegrave
Direction de production et diffusion Colomba Ambroselli
Chargée de production Léa Grigné
Chargé d’administration Nicolas Beck

Production Tsen Productions
Coproduction Cité internationale de la langue française.

Tsen Productions – Olivier Martin Salvan est conventionné par le Ministère de la Culture – DRAC de Bretagne.

Crédit dessin ©Benjamin Lazar

Crédits photographiques Miguel Henry ©Eddy Rivière, Olivier Martin-Salvan ©Simon Gosselin, Noémi Boutin ©Alex Crestey, Mathias Lévy ©Marikel Lahana

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Dates de représentation

25 JANVIER 2025

Villers-CotterêtsCité internationale de la langue française / « Les paroles gelées »

1er MARS 2025

Villers-CotterêtsCité internationale de la langue française / « L'envers des mots »

10 MAI 2025

Villers-CotterêtsCité internationale de la langue française / « Les langages fleuris »